Recevez des mises à jour hebdomadaires avec notre newsletter Nafsi.
Retour

À toutes celles que leur père a blessées ou aimées...

Les blessures/guérison de vie d’un homme qui ne savait pas qu’il les enseignait

Il y a des pères qui parlent beaucoup, d’autres qui parlent peu. Puis il y a ceux qui n’existent pas, mais marquent profondément. Le mien faisait partie de la première catégorie. Beaucoup de longues déclarations, pas de grandes leçons moralisatrices. Je fais peut-être partie d’un fin pourcentage de filles qui ont grandi avec un père qui sait dire « je t’aime ». Et même si la vie nous a séparés, mon père a créé de cette distance un lien un peu plus fort.

Et pourtant, à travers chaque geste, chaque « je t’aime », chaque regard, il m’a transmis des valeurs et des sentiments que je porte encore aujourd’hui. En grandissant, j’ai compris que certaines leçons ne viennent pas qu’avec des mots, mais avec des actes.

Cet article est un hommage discret, mais également un appel à toutes celles pour qui le père a laissé une trace. Une façon de dire et de rappeler à quel point un père peut être le sauveur… ou la raison de la tristesse éternelle de sa fille.

Un père, par sa simple présence ou son absence, peut construire… ou détruire. Trop de filles grandissent avec des cœurs fêlés, cherchant l’amour là où il fait mal, tombant dans des relations toxiques, confondant la violence avec l’attachement, répétant des schémas qu’elles n’ont pas choisis.

Je pense qu’il existe de multiples versions de père : celui qui aime mais ne sait pas le dire, celui qui déteste, celui qui n’est pas là, celui qui pense que sa fille lui appartient… puis une liste interminable.

On croit souvent qu’un père ne fait « rien ». Mais justement : c’est ce rien qui devient un tout. Une absence peut être plus bruyante qu’une présence. Une présence vide peut être la raison d’un cœur triste. Un cœur triste peut être à cause d’un père trop dictateur. Puis il y a ce père qu’on félicite d’être père : celui qui dit « je t’aime », celui qui sauve, celui qui rend sa petite heureuse… si on cherche bien, c’est souvent lui la racine du problème ou de la solution.

On éduque les femmes pour être mères. Mais toi et moi, on éduquera nos fils à être pères. Nos maris à être pères. Et toute une nouvelle génération à être pères.

Parce qu’un père qui n’est pas là, physiquement ou émotionnellement, laisse derrière lui une fille seule dans une forêt. Et la seule espèce qui existe dans cette forêt… ce sont les hommes.

Selon la psychanalyse (Freud, puis Lacan), le père représente la figure de l’autorité, de la loi, mais aussi du premier regard masculin. Pour une fille, le père est souvent le premier homme à l’aimer « sans condition », ce qui pose les bases de la perception qu’elle aura plus tard des relations amoureuses, des hommes… et d’elle-même.

L’influence du père sur la construction de l’estime de soi est évidente. L’estime de soi est la chose la plus importante, car elle permet de poser les bases de nos relations. Grâce à elle, nous sommes capables d’affirmer nos besoins et nos limites, et nous sommes moins sujettes à des relations toxiques. Et c’est une réalité.

Un père, ça construit la valeur qu’une fille s’accorde à elle-même.
Quand il critique, rabaisse ou ignore… ses sentiments deviennent poison intérieur.
Quand il aime, il protège et il valorise, ses sentiments deviennent l’armure de sa fille.

Vous savez, nous sommes tous porteurs de lourds traumas. Des choses qu’on rêverait de faire disparaître. Je regarde autour de moi, incapable de sauver ces filles de ce qu’elles sont en train de vivre. Car nos parents sont nos sauveurs. Ceux qu’on rêvait qui nous surprotègent jusqu’à notre mort. Ils sont le reflet de notre futur.

Alors parfois, ils sont aussi la raison pour laquelle on accepte d’être manipulées, détruites. Le début d’un vide qu’on essaie de remplir toute notre vie…

C’est le syndrome de la petite fille non aimée.

Les sociologues et thérapeutes de couple observent souvent que les femmes ayant eu un père absent ou négligent sont plus susceptibles de rechercher l’amour à tout prix. Même dans des relations destructrices. Elles deviennent dépendantes affectivement. Et le plus triste, c’est qu’elles confondent contrôle ou violence avec passion, et finissent par tolérer le rejet ou l’humiliation. Et je ne parle pas d’un simple râteau de 24h.

Alors j’ai demandé autour de moi, et je vous partage les « lettres à mon père » que certains ont pu écrire…

Peu importe ce que tu penses ressentir,
ton nafs a besoin d’être compris,
et surtout de réparer.
Ses blessures sont là parce que la fondation n’a jamais été posée.

Mais il n’est jamais trop tard pour reconstruire.
Il n’est jamais trop tard pour réapprendre à s’aimer, sans mendier.

Parce que nous sommes cette génération qui brisera la chaîne.

Y’a celle qui a mal,
puis celle qui sera là pour soutenir.
Des lettres sont des lettres d’amour,
des messages de remerciement,
et aussi une manière de libérer cette blessure,
cette haine.

Alors je te souhaite de réparer ce que tu penses être ancré en toi.

De nafs à nafs,

Voir tous les articles
Voir tous les articles