Recevez des mises à jour hebdomadaires avec notre newsletter Nafsi.
Retour

Qui je suis vraiment quand personne me regarde ?

Quand il n’y a personne à impressionner, à rassurer ou à convaincre… est-ce que je me reconnais encore ? Est-ce que je suis vraiment moi, ou juste une version que j’ai apprise à jouer ? Parce que dans le fond, c’est peut-être là que tout commence :

L’humanité vit pour être vue. Mais à quel prix ? En tant que femme musulmane, c’est un combat qu’on mènera toute notre vie. Tu ne dois pas être trop vue… mais pas trop effacée non plus. On nous apprend à exister dans un mélange d'approbation culturelle, une image créée par des hommes pour des hommes, un fantasme d’une femme invisible sans identité. Aujourd’hui, des femmes comme toi et moi se battent pour être vues, entendues, reconnues. Mais au fond, ce besoin va bien au-delà de la société : être vue, c’est se sentir vivante.

Dès l’enfance, le regard des autres nous façonne. Des études ont montré que certains enfants, quand ils se sentent ignorés, vont jusqu’à faire des choses extrêmes juste pour attirer l’attention. Une étude publiée en 2004 dans Developmental Psychology a d’ailleurs démontré que le sentiment d’invisibilité sociale pouvait conduire les enfants à adopter des comportements destructeurs pour obtenir une forme de reconnaissance.

Mais finalement… nous sommes ces enfants non guéris.

Les réseaux sociaux l’ont bien compris. Ils ont transformé ce besoin humain en un système de validation. Beaucoup d’entre nous ont pris Instagram ou TikTok comme un exutoire, un moyen de combler un vide. Nous voulons être vus. À tout prix. Mais à force de vouloir exister à travers l’écran, on oublie d’exister dans la vraie vie.

Prenons un exemple : Kenza Poupette. Une jeune femme que beaucoup reconnaissent, suivent, critiquent ou soutiennent. Elle voulait juste être vue, soutenue, aimée. Mais les réseaux sont devenus son cauchemar. Quand l’envie d’être vue devient une obsession, tout se déforme. Ton malheur devient rentable, ta douleur devient ton contenu, et ton image devient ton identité. Tu ne sais plus qui tu es sans le regard des autres ou sans les autres.

En vérité, c’est une réponse à un besoin ou à des traumas. L’envie de partager, de dire ou encore de soutenir, c’est l’envie de donner sens à soi et de valider sa douleur. Si réellement cette envie, qui peut paraître anodine, devient la raison de ton propre enfer ?

J’ai fini par me poser cette question : sommes-nous quelqu’un parce que les autres nous voient ?

Le regard des autres devient une drogue douce. Un petit shoot d’attention, un petit like, un commentaire… et tu te sens exister. Tu penses que c’est rien, mais ton cerveau s’y attache. Tu ne publies plus pour t’exprimer, tu publies pour exister. Et c’est là que tu te perds.

Des chercheurs de Harvard ont d’ailleurs prouvé que recevoir un “like” active dans notre cerveau les mêmes circuits de récompense que certaines drogues. Ce n’est pas juste une notification : c’est un petit shot de dopamine, qui finit par nous rendre dépendants du regard des autres.

Ce qui était un miroir devient un masque. Tu ne sais plus si ce que tu montres, c’est vraiment toi… ou juste une version marketée de toi. Ce qui fait peur, c’est que plus tu t’habitues à être vue, plus tu as peur de redevenir invisible.

Alors moi, j’ai trouvé un moyen de guérir parce que oui, ce n’est pas que pour les influenceurs : nous sommes tous très fragiles face à cette envie d’être vue sur les réseaux ou dans la vie en général.

Mais il y a un regard qui ne change pas. Un regard qu’on oublie parfois : celui d’Allah. Il voit ce que tu fais quand personne ne regarde, ce que tu ressens quand personne ne s’inquiète, ce que tu penses quand tu doutes, ce que tu rêves sans jamais l’avouer à personne.

Et c’est là que tu retrouves ta liberté. Quand tu réalises que tu n’as pas besoin d’être validée pour être légitime. Que ta valeur ne dépend pas des vues, des likes ou des applaudissements. Et ta souffrance n’a pas besoin d’être validée. Que le regard d’Allah suffit.

Peut-être qu’il est temps qu’on apprenne à s’aimer dans l’ombre. À s’accepter quand il n’y a personne pour valider. À se redécouvrir hors du regard des autres. C’est dans le silence qu’on entend vraiment son cœur.

Écris-le quelque part : ta valeur ne dépend d’aucun regard, si ce n’est Celui qui voit tout.

De nafs à nafs

Voir tous les articles
Voir tous les articles