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La première page - Et si la fin valait l’attente ?

En islam, on nous apprend que chacun de nous a son propre livre, que tout est destiné et écrit, et que tout ce qu’on fait, les anges l’écrivent. Mais je sais pas vous : moi, à chaque fois que je lis un livre, si les événements me chagrinent, je l’arrête. Et si ce ne sont pas les événements que je souhaite, j’estime que le livre est nul, même sans le finir.

Combien de livres j’ai laissés traîner dans ma bibliothèque ?

Je sais que je suis pas seule, parce que récemment, j’ai entendu l’histoire de Mahmoud. Mahmoud adore les romans tout comme nous toutes, finalement.

Mais un jour, on lui tend un livre épais. Il ouvre la première page, tombe sur une phrase triste, fronce les sourcils… et claque le livre en disant que c’est « le pire début de roman au monde », et qu’il n’a pas envie de finir une histoire qui commence comme ça.

Et vous savez quoi ? Il n’a rien compris.

Parce que si Mahmoud avait tourné quelques pages de plus, il aurait découvert un homme qui guérit, qui se marie, qui construit une famille, qui devient riche, aimé, heureux. Une vie pleine de lumière… qui n’avait juste pas commencé dès la première ligne.

J’ai pas forcément compris tout de suite. Je me suis dit : « C’est juste Mahmoud qui fait un caprice de chipie devant un livre. » Alors qu’en réalité, cette histoire est remplie de moralité.

L’être humain court derrière le bonheur à tout prix. Alors quand on traverse un chagrin, une perte, une rupture, une maladie, un vide, une prière qui ne se réalise pas… On croit immédiatement que c’est ça l’histoire. Qu’on est bloqué dans un endroit qui ne changera jamais. On relit les lignes sans tourner les pages. On imagine au lieu d’agir. On croit qu’on pourrait changer ce qui est déjà écrit. Et on pense que le reste sera à l’image de cette première page.

Mais la vérité ? La plupart du temps, on juge notre vie comme Mahmoud jugeait son roman : trop vite, et sur trop peu de choses.

Moi devant vs moi d’aujourd’hui

Certaines personnes ne voient que la scène présente. Elles vivent figées sur ce qu’elles ont sous les yeux : une épreuve, une injustice, une souffrance. Elles regardent la première page du livre. Elles pensent que c’est tout le livre.

Tu te reconnaîtras peut-être. Tu fais peut-être partie de celles qui se condamnent et se demandent pourquoi la vie et Allah sont contre elles. Celles qui pensent qu’elles méritent une vie misérable, que c’est le prix à payer pour des épreuves ou des péchés. Celles qui pensent qu’Allah les a placées là où la souffrance existe : une famille qui les rejette, ou une épreuve qui englobe toute leur existence.

Et tu me diras peut-être : « Lamiss, t’as pas vécu ce que ces gens vivent. Tu sais pas ce que c’est que survivre. À quoi sert ton discours ? »

Je répondrais : C’est peut-être le moment de reprendre ton livre.*

Et puis il y a les autres. Ceux qui voient un peu plus loin. Ceux qui croient au plan d’Allah. Ceux qui savent que la vie ne s’arrête pas à ce qui est douloureux ou incompréhensible.

Ces personnes-là lisent différemment. Je crois qu’elles lisent plus profondément. C’est comme celles qui ont plus de vocabulaire : c’est toujours plus facile de lire un livre quand tu comprends les mots de Celui qui l’a écrit.

Elles savent que même si un chapitre commence mal, l’histoire peut se retourner. Elles savent que derrière chaque page, il y a une intention, un secret, une sagesse, un après. Elles vivent avec la certitude que rien n’est vain, rien n’est laissé au hasard, rien ne reste figé.

La vie a un goût différent quand tu sais que ton destin est meilleur, que tout ce qui t’a échappé n’était pas pour toi, et que tout ce qui t’a touchée est un bien pour toi.

Le livre n’est pas simplement une histoire. Rien ne vaut la souffrance. Rien ne vaut la peur. Rien n’est trop grand ni trop fort. Rien n’est sans fin. Rien ne peut pas être transformé en mieux. Rien n’est irremplaçable. Rien n’est trop dur ni trop invivable. Rien ne vaut la colère, ni le doute envers Allah.

Je crois qu’à force de lire les livres de ceux qu’Allah nous a laissés comme exemples, ça m’a aidée à lire le mien d’une manière différente.

Mahmoud nous a appris quelque chose. Prenons note. La prochaine fois que tu vois un événement qui serre le cœur chez toi ou chez quelqu’un rappelle-toi : Tu n’es en train de voir que la première page.

Tu ne sais pas ce que Dieu réserve dans la suite de l’histoire. Tu ne sais pas ce que cette épreuve construit. Tu ne sais pas quel chapitre de guérison, de douceur ou d’élévation t’attend juste derrière.

On ne connaît jamais la suite. Et c’est ça, la beauté de la foi : continuer à avancer même quand on voit flou, continuer à aimer même quand ça fait mal, continuer à espérer même quand tout est immobile.

Même si je meurs d’envie de lire mon livre entier, de voir ce qu’Allah m’a réservé… Je crois que ça rendrait la vie trop nulle, trop banale.

Je sais que je suis en train d’écrire mon livre (ps : pas celui auquel tu penses, hahah pas Nafsi), un livre qui partira avec moi, un livre sans fin, un livre où Allah est avec moi.

Et toi, tu écris quoi sur ta première page ?

Un jour, ta vie d’ici va se retourner comme une feuille. Et une nouvelle histoire commencera une histoire sans fin.

La question n’est pas : « Pourquoi ma première page est difficile ? » La vraie question, c’est : qu’est-ce que tu construis malgré tout ?

Quelles valeurs tu poses ? Quelle lumière tu fais entrer dans ton quotidien ? Quel caractère tu tisses dans le silence de tes épreuves ?

Parce que la suite du livre dépend de ce que tu fais maintenant.

Je reste persuadée qu’on mérite une histoire qui nous ressemble, un livre où chaque chapitre apaise, une fin que ton cœur comprendra enfin.

Alors continue. Tourne les pages. N’abandonne pas ton roman parce qu’une phrase t’a fait peur.

Tu finiras par aimer les pages qui t’ont menée à ta plus belle fin. Et crois-moi : rien n’est plus beau qu’une fin née d’un chagrin.

La vie se vit avec ses amertumes. La vie n’est pas une question de bonheur.

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